La Presqu’île guérandaise est le nom communément donné à la zone géographique, située en Loire-Atlantique, et délimitée grossièrement, au nord par l’estuaire de la Vilaine, au sud par l’estuaire de la Loire, à l’ouest par la côte Atlantique, et à l’est par la limite extrême du marais de Brière.
Ce terme recouvre plusieurs terroirs spécifiques, regroupés en quatre secteurs :
1) Le pays briéron ou pays noir ; noir comme la tourbe que les Briérons extrayaient, dont ils faisaient commerce, qui correspond au marais de Brière.
2) Le pays paludier, ou pays blanc- blanc comme le sel dont la cueillette et la vente faisaient l’essentiel de l’activité des paludiers et sauniers. Ce pays est séparé en deux bassins :
* celui de Batz-Saillé dans les bas du côteau de Guérande, d‘une superficie de 2000 hectares ;
* celui de Mesquer qui jouxte un troisième pays et se confond parfois avec lui, d’une superficie de 350 hectares.
3) Le pays métayer qui regroupe les communes aux activités agricoles plus répandues (élevage, culture) et qui fait le lien entre les groupes paludier et briéron.
4) Enfin les bourgs côtiers qui tirent essentiellement leurs revenus de la pêche et dont certains, comme Le Croisic ou La Turballe, connaîtront un essor considérable avec l’implantation des conserveries de sardines durant la dernière moitié du dix-neuvième siècle au détriment d’autres, comme Piriac, dont ce sera le début du déclin économique.
Le tableau ne serait pas complet si nous ne mentionnions pas les deux grands centres urbains que sont Guérande et Saint-Nazaire. Comme toutes les villes d’une certaine importance, elles sont un peu en marge en ce qui concerne l’objet de notre étude, les communautés urbaines menant une vie toujours différente de celles des zones rurales.
Si Guérande a été dans le passé une cité prestigieuse, son influence a décliné avec le développement fulgurant de Saint-Nazaire à partir du milieu du XIX° siècle, le premier bassin à flot datant de 1856. Il ne faut cependant pas oublier que Saint-Nazaire n’est passé du monde rural à sa postion de grand port industriel que récemment et que les souvenirs rattachés aux ronds et bals chantés sont restés vivaces très longtemps. Ainsi en 1937 Fernand Guériff et Gaston Le Floch collectaient-ils des ronds et des bals chantés dans la région nazairienne, notamment à Prézégat ; ou encore, en1991, Georges Paugam notera-t-il un bal d‘une facture très cocasse chanté par un Nazairien de pure souche.
Malgré la diversité de tous ces micro-terroirs dont chaque communauté se revendique, souvent d’ailleurs en opposition aux autres, l’ensemble de ce territoire correspond en fait à l’ancienne zone d’influence de Guérande, cité médiévale au passé glorieux. Ainsi, si la volonté de se singulariser de chaque communauté se retrouve au niveau des costumes traditionnels qui sont d‘une extraordinaire variété, un des ciments de l’ensemble de cette zone est la pratique de deux danses de fonds très ancien, le rond (ou, selon l’appellation locale, la ronde) et le bal (aussi appelé localement bal-rond), décrits ci-après par Marc Clérivet.
Les différentes communautés avaient quelquefois du mal à s’accepter ; alors les sobriquets fusaient ! Ainsi, pour les Briérons, toute personne résidant hors Brière était désignée du nom méprisant de « naquet », ou de « cul-bouseux » terme plus restrictif associé aux populations du pays métayer. Ces derniers affublaient les gens de Brière du nom peu gracieux de « cul plein de mottes ». Au lecteur de deviner qui se cachaient derrière le nom de « cul-salé »...